|
Rien ne change. Rien ne changera.
Ce mal qui me ronge et qui s’appelle la souffrance. En
dehors de chez nous, personne ne voit. Lorsque je sors de la maison, je mets
mon masque. J’ai appris… Alors on croit que je vais mieux, que je m’en
« sort ».
On croit que je vais mieux aussi parce que j’ai pris un peu
de poids. Ca me donne « bonne mine », parce que les gens résonnent
ainsi.
On grossit, on va bien !
On maigrit, on va mal !
Je ne réponds même plus à la connerie humaine. A quoi
bon ? Les réflexions débiles me fatiguent.
|

|
|
Une personne que j’aime pourtant beaucoup, qui nous soutient
depuis ton départ ma puce, m’a dit qu’il fallait maintenant que j’apprenne à
« garder ça pour moi « » ! Cela m’a profondément contrarié,
déçu. Tu vois Alexandre, je n’ai même plus le droit de parler de mon mal
être ! De parler de toi. Ca fini par déranger, par saouler. C’est
désolant, ça fait mal…
Les consultations chez la psy, nous ont beaucoup aidés pour
sauver notre couple. Je la remercie. Mission accomplie.
En ce qui te concerne, mon p’tit cœur, je ne continue pas,
je l’ai toujours dit, ce n’est pas la peine…. Je refuse d’accepter ce destin qui
n’aurait jamais dû être. Je resterai avec mon « pourquoi ? »
jusqu’à la fin de ma vie.
Ton frère travaille maintenant depuis 17 mois. Il a fait un
énorme pas dans sa vie. Il est courageux mon p’tit père. Il a réussit après ces
deux longues années enfermé dans sa
chambre. Oh, il n’a pas repris son métier de routier ! Partir seul sur les
routes pendant plusieurs jours, je crois que c’est fini pour lui. Il fait du
transport de voitures à la journée et parfois du dépannage. Cette société lui a
sauvé la vie et il s’entend bien avec ses collègues. Il n’y a que très peu de
temps qu’il a raconté son histoire, ton histoire, mon ange. Jusqu’à ce qu’il le
dise, à la question « as-tu des frères et sœurs ? » Il répondait : « un
frère », il répondait au présent, sans en dire plus. Il m’a confié tout ça
un jour que nous étions tous les deux. Je suis fier de lui, cet effort
surhumain qu’il a du faire pour retrouver une vie sociale. Mais à côté de ça,
pas grand-chose. Sa vie se limite à son travail, à jouer en réseau sur son
ordinateur, à distance avec ses copains et des inconnus. Des heures et des
heures, les weekends, tard le soir, dans sa chambre, son refuge…
Mon p’tit cœur, il y a des moments où je suis si fatiguée !
Mais pour Jérémy, pour papa, je lutte. Je lutte aussi pour toi. Je te demande
souvent de nous aider et je sais que tu le fais. Tu es là tout près de nous
pour nous donner ce courage qu’il nous faut tant.
Ma seule consolation,
Te retrouver le jour où mon heure sera venue.
Ma seule consolation,
Retrouver mon père,
mes proches, ceux que j’aime et qui sont avec toi,
Ma seule consolation,
Qu’un jour, notre
famille se reconstitue dans ce paradis, pour l’éternité…
Je t’aime Alexandre et quoi que l’on en dise, quoi que l’on
en pense je parlerai toujours de toi !
Ta
petite maman.
|